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                      La voie qui peut être exprimée par la parole n'est pas la voie...

     

     

     

     

     

     En cliquant sur le titre, entrez directement dans le recueil

     

     

     

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    Ici, prendre le temps :  retourner la pompe, inverser les vannes.

    Tirer aux berges le flux ployé en voix de gorge.

    Sous le chemin de forge, fondre la clé qui les délivre, la belle Aude, la fille au rouet.

    Enfin, à main droite,  la marge de leur feuille s’écarte avec la garde

    Oreilles ô feuilles vierges avancez-vous sous la couture des ronces, à la frontière de l’églantier.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Choisissez un jeune chevrillard
    De la saison des pommes
    Sinon une chevrette soyeuse
    Il y en a à l’abattoir
    Ou chez la bouchère joyeuse
    Découpez hardiment
    Une bouchée de reine
    Une côte d’Adam
    Au flanc de l’animal
    Rôtissez au rhum
    Gardez le sang de la blessure
    Pour fond de sauce
    Rajoutez-y à la mesure
    Sel et poivre c’est normal
    Une pincée d’épices féroces
    La présomption de la cannelle
    Une botte de légumes précoces
    Cuits entre eux
    Recette numéro quatre cent quatre vingt deux

     

     

     

     

     

     

     

     

    Créer sa part d’une hypothèse. Ca paraît ambitieux. Si le courant passe entre le faire et l’hypothèse du faire nous l’appellerons le continuer.

     S’il se situe dans une durée limitée (son unité dans l’effet de seuil) s’il contribue aux impératifs de l’espèce, à sa pulse, voire à l’hygiène du métabolisme, peu de divergence de fond.

     Définissons le faire.

     Mais, ici,  ne nous hâtons pas de le finir.

    Travaillons-le finement avec le respect de l’orfèvre pour la noblesse des matières, l’amour du forgeron pour le fusible.

    Des boucles à balcon, des accroche-cœurs d’Andalouse.

     Créer sa part d’une hypothèse c’est partir de mêmes données, par exemple : encre mains et mots  -  le maître du marteau, l’enclume.

    Voir où ça mène au même    -     au divergent.

     Après les avoir finement dépouillées, braisées et battues par le cœur propre, tenir fuselées, au bord de l’évanouissement du carbone, ces fibres vaguement stridentes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Quel or donne cette eau
    Orpailleur de mes rêves ?
    Le poisson verse au verseau
    Une pépite pour l’orfèvre.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le cerveau à l’œuvre dans le dessin à l’encre.

    N’importe quoi mais qui vient des mensurations de la main, du pinceau, de sa souplesse d’usure, de la viscosité de la couleur.

    N’importe quoi mais toujours vu pareil, tiré vers son genre.

    Grenaillé, essoré fondu rapetassé réchauffé bleui.

    N’importe quoi de moins en moins venant tel qu’en lui même.

    Assigné.

    Attribué.

    Conscrit.

    Vous qui croyiez libre le vert.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Trouvaille transcendante

    ténébreuse magnifique

    pure gemme qui invente

    des fractales là on n’osait pas en rêver

    les secrets de la glisse

    des volutes

    des giclées

    En rises frises jetées en envolées lyriques

    marées brisants flammèches de jais d’encre

    l’obsidienne liquide dévore ce chiffon sable

     

    (dans la vague des papiers Felgines)

     

     

      

     

     

     

     

     

     

    Miroir sans doublure dont l’abstraction dévore le nid, mirage mi posture dont émergent d’étranges syntaxes d’allures étrangères, volutes, plateau continental, profondeurs marines, courants d’inductions, liasses, masses d’abandon tendre, champ libre à ce pendule, à l’oscillante, à l’incernable centre.

     (Papier marbré)

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’art de l’Ouest à son 20ème siècle, a peut-être été une tentative de figuration continue dans les strates du vivant. Arrêtée dans ses rets freudiens (Boltanski) remontant l’archéologie du métabolisme (Debré) ténèbres lisses (Soulages) courses synaptiques, mouvements browniens (Sam Francis, Hantaï, Pollock) jusqu’à la déchiqueture (Michaux) des circuits perceptifs saisis vifs (Mondrian, Malevitch) ou myopes (De Koonig, Joan Mitchell) …
    Monde infiniment peint retourne là son gant.
    La photographie ayant pris le relais de l’extériorité – le paysage, le portrait - avant les grandes conquêtes de la tomographie à effet tunnel.
    Dans cette fenêtre de tir la main de l’homoncule clignota dans la jungle cérébelleuse.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’intérêt de l’expérience du mobile d’axe unique tient à l’angle de mise en mouvement autour.

    Ainsi le pinceau double – celui du supermarché d’Hong-Kong avec sa coiffure de punk Han.

    Un peu penché il donne une doublure gratuite au trait, il accouche d’une ombre, donc de lumière, jumelle d’avers, sans la moindre douleur pour personne.

    Quand on s’y prend bien lui et moi on parvient à suggérer trois dimensions en vertu d’une mathématique finalement pas si exceptionnelle qu’il faut et qu’il suffit du deux pour engendrer le trois (ici une figure émergente, un volume, dans l‘espace visuel cérébral)

    Sa trinité ramène à l’un,  tous les termes y sont égaux.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Hasard

    multiple miroir de l’art

    n’en finit pas de te farder les cils

    au bistre

    Ce pli de page

    ta bouche

    fossile intarissable

    muette

    voix de matière

    même les jumeaux n’ont pas plus limpide langage.

     

      

     

      

     

     

     

     

    Si l’Occident cherche tant dans la tâche du portrait (espèce de figuration d’espèce qui peut, ensuite, trahir d’un col sa culture) c’est sûrement que son esprit s’y retrouve.

    Ici, donc, toujours quelqu’un.

    Multiples soi-même de qui n’est Personne, mes plusieurs de Bashung, tous les noms de Plume, identités discrètement identifiables, dominants dominés, gominants gominés, les ébauches lentes à venir, mouvantes superpositions, photos, nécros, bios, figures, tombeaux.

    Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change.

    La somme des représentations mentales qui servent à reconnaître le possible dans autrui. Distance de la reconnaissance qui tend à raccourcir (mon œil presbyte fait durer le suspens).

    A un instant pourtant, tel un panorama offert par le brouillard, passant le seuil de conviction, la chaîne des preuves se fait visible.

    Reste alors dans la foule à cadrer au plus juste.

    Le maître tire à l’excellence. Le gai pinceau va vers l’épure.

     

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Commentaire de Rubens (dessin copié)

    L’ampleur de la violence guerrière dans l’embrouillamini des corps équestres et humains, le monceau des morts à gauche en bas d’une transversale qu’équilibre l’élan divin. Dans la même ligne des rênes et des lances, les plumets répondant aux nuées célestes tirant à elles chevelures et crinières. Le métal jette ses feux.

    Le geste des armes et la course des hommes convergent en étoile autour d’un foyer étrange, une aube un  peu spirale ordonnant le chaos. La profondeur que donne l’esquisse des plans - le miracle est dans le point de vue - le vertige d’un faux désordre maîtrisé de la main du peintre. Le héros magnifié par la géométrie, le nombre d’or, le topos des acteurs du drame, détachant son auguste silhouette sur un halo fort approprié (du meilleur aloi pour le prince).

    A cette échelle, seuls les morts ont un visage.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Toujours l’esprit noyé d’avenirs et de chimères, œil de lac gagné par le jonc.

    Le seul réel est ce défi que le cerveau construit photon par photon, les trente-cinq mille échantillons des Gobelins et autant de plans qu’en file ma sœur la jumelle, au rouet de mon front.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      

     

    Entropie de l’encre : une expérience facile du devenir chaotique des structures dans un verre d’eau.

    Un verre translucide.

    Remplissez d’’eau fraîche.

    Ne buvez pas.

    Laissez-la dormir.

    A la pipette

    au centre

    une goutte de bonne encre.

    Bleue ou brune.

    Observons

    peu après la chute

    des volutes gitanes

    des galaxies de voiles actés au déploiement de plus en plus lent (une éternité au mieux de quelques instants).

    Sans le toucher tournons autour du verre.

    Ce qui fond a fusé entre les lignes de force

    Ici un reste d’escalope évanescente 

    rubans en bandes

    l’âme d’un chat

    passante au flou photographique

    une mariée sépia mangée par la levure.

    Changez l’eau de ces extases.

     

     

     

     

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Dans la composition aux miroirs auto-réfléchissants, et ce par claire nécessité, personne ne voit la même chose (le sujet n’étant sujet que pour lui même). A expérience identique, solipsisme de la perception est ici perception du solipsisme (la maison fait dans le conceptuel).

    Remarquez-en l’architecture très exotique, des arcades dentées des enfilades d’yeux et autres caryatides vaudou, un Taj Mahal fait de vierges visages de deux moitiés semblables.

    (à l'oeil le pantin spéculaire de grand-père Louis au mouvement perceptiblement louche).

     

     

     

     

     

      

     

     

     

    Décide-toi lumière nord-ouest ou sud-est

    Choisis ton heure

    Pas un pays ne tiendrait sous le double jet de ce blizzard

    Ton blix bleuit déjà mes lèvres d’archipel

    Les blocs erratiques remontent leur glacier

     

     

     

      

     

     

     

     

     

      

     

     

     

     

     

    Le vert du miocène que l’œil protoanthrope

    assigne à la fougère

    foisonne à ce pigment

     

    (fulminique fut la forêt)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les rêves de l’aquarium rendus à l’aquarelle.

    Fuse, symbiose, creux qui dépasse la somme des espèces.

    L’indispensable dans l’équilibre que dispense l’espace.

    Je m’y noie.

    Ici même se dispense.

    Respire, génie de l’agencé.

     

     

     

     

      

     

     

     

     

    N’oublie pas

    le pas de ce compas

    d’inox

    talon aiguille jambe de bois

    la mine

    taillée en museau demi- fox

    la rondeur de sa hanche

    le fil à plomb qui penche

    et ce surplomb de manche à échelle de doigt

     

    (un tango pour la feuille à dessin).

     

     

     

     

     

     

     

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    Aimer est une opération à deux temps :
    Imprégnation, manque.
    On le sent à l’épure dans :
    Tomber en amour.
    Ou primitivement dans :
    Imprégnation amniotique, exil élémentaire de la naissance.
    Aimer c'est reconnaître. 
    Des limites de l’œil le peintre fait son affaire.
    Dans le nouveau qui s’agglomère au reconnu à chaque manifestation du monde, une manche, une branche, une tige, une marche :
    Un point d’appui possible pour élargir le champ.

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Fille des poissons, échouée à la souille des berges du zodiaque, la lucide méduse te dirait sirène si la masse profonde arborait quelque mât piquant l’horizon ou luciole du ciel.
    Au septième tu serais femme.
    C’est aussi ce qu’en pense ton matelot fantôme (encore faudrait-il qu’il ait des mœurs de saumon) depuis que tu l’appelles d’un nom qui cerne sa figure, entre raie et hachures, que tu le tires de l’ombre
    – la fausse vide, la muette…

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    Chambre d’écho
    unique présent offert
    aux battements de ce cœur
    Oserais-je dire que je t’ai choisi ?
    Les hasards et les morts auraient l’œil moqueur.

     

     

     

      

     

     

     

     

    La cavernicole des grands fonds.
    Espèce spéléologue, elle pond sous l’épiderme de mondes mous et mouvants.
    Elle aime la grotte, l’habitat des chakras, les courants chauds, imperceptiblement chauds qui s’éventent des abysses, dans le sillage du krill.

     

     

     

     

      

     

     

     

     


    Cet insensé besoin de vitesse :
    De ce chemin de nerfs, le silencieux signal zèbre la longueur d’onde.
    Repérez-en sur fond diffus : s’en détacheront le bouquet des sources, le limpide linteau des chutes, l’infini espace du reflet.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’ultime, l’essentiel, le pérenne, le premier ordre : vivre.

    Prête attention à vivre et rien de mourir ne sera dur.

    Ecoute à l’œil de l’apoptose.

    Tout ce qu’on suspend se creuse.

    Chaque goût, tout tact, leur vertige et l’absence qui fait sa nature, même sans les savoir connus.

    L’actualité des faits dans l’origine du geste.

    L’éclaircie qu’offre le hasard.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    En cherchant pour soi-même ces circonstances où l’on est un :

    vigilance, connaissance, création, orgasme.

    Le pouvoir d’être décuplé. L’instant microscopique centrale thermique, braise tantrique tant brique que fraise.

    On pourrait croire que le sujet, brique élémentaire de la société des hommes cesse d’être infiniment fissible.

    Détente immersion inclusion émergence.

    De la conscience, le moment est l’unité de base.

    Cinq sens et trois dés.

    L’infime aspire aussi au mesuré prodige de la forme.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La cible qui borne ma concerne

    Et son petit vertige

    Ici qui est sans cesse n’importe qui

    Une tige

    Irrecensée dans la luzerne

     

     

     

     

     

     

     

    La convergence de perceptions ne se limite pas à la somme des parties.

    Sommairement, l’écrit formule, fixe, confisque, tranche.

    Il ne faudrait jamais prendre le faisceau pour postulat mais revisiter en profondeur, fibre à fibre, la mesure, l’intensité du flux.

    On y découvrirait à chaque pas la nature profuse de la nature, sa main prodigue et son pied de printemps.

    Entre le corps et le monde, la vie sécrète sa loi : j’aime.

    Mais gare à qui le dit.

    En chaque sens l’éclat du schiste, et la chute du mica dans l’échelle des gemmes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Manuellement saisi l’objet binoculaire tenu entre les mains se tord à volonté à vos yeux écartés. Le majeur souple reste dominant posé sur le volant de la mollette. Faites le point aA, et glissez lentement vers la convergence des cercles afin de définir les plans pour plus de précision. A l’aide de la bague D, vérifiez au deuxième œil aussi la netteté identique. En dernier lieu et toujours après réussite des deux opérations précédentes, ouvrir avec le cœur le troisième œil.
    Le troisième œil est le secret de bien utiliser l’appareil.
    C’est lui qui ouvre la Véritable Profondeur.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Prescience de l’hélium
    un envol que l’on bague au fer
    tampon-dateur sur fractures
    le début et la fin des guerres
    Ce qu’on fit de digne et d’indigne
    L’imaginaire ou bien la somme
    des carnets de l’histoire greffière
    le mycélium des coupes de sport
    l’opium
    l’humus des corps refait de l’or
    des composés dont il est fier

     

      

     

     



     

     

     

     

    Qu’est-ce que le sage itère ? Le rune, l’indice de ruse, la flèche signifiante d’une feuille sagittée ?
    En bout d’arc le feu enfoui de nos apocalypses. Multiple du graveur de gypse, le fou délie ce que le sage séquestre, creusant la table de pierre jusqu’à son brûlis d’avril, la ville d’herbe en cendres, parfois juste pour rompre l’avance des ronces, la persistance du genet.

     

     

     

     

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     



     

     

     

     

     


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  • Dites douces 

      

      

     

     

     

     

     

     

    Trou d’ombre que voient-ils

    Reliefs et reflets que même

    Toi tu n’auras pas fini de connaître

    L’envers de l’œil

    Ton insu

    Ces berges pour lieu commun

    Où le pêcheur se bat toujours avec son fil

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Je l’appelle la source mais       

    pentes, courses

    n’est-ce pas de l’amont qu’elle tire ce surgissement ?

    Carrefour de pluies qui rejoignent l’un après cent périples en convergence.

    Flux bref, main longue, frise de barbe

    tresse d’elle-même.

    Je l’appelle la source (l’un appelle le nom)

    nattes d’ancêtres tapis dans les racines

    coïncidence de strates, de porosités.

    Avant sa dispersion en myriade de rus

    Je l’appelle la source    

    gorgée          

    bassin à lèvre de limon

    fontaine qui désaltère

     

    J’aimerais que des poissons y vivent.

     

     

     

     

     

     

     

     

    La course de ras bord à vitesses multiples de la plissure liquide qui bassine le pied des pierres et imprègne la sphaigne baigne le bois d’aubier le bulbe la racine lisse les îles d’herbes, s’embourbe, submerge, signe d’une saignée       

    la pente.

     

      

     

     

     

     

     

     

     

      

    Au creux du Goul

    dans l’ombre 

    des accents de stentor

    l’aria de sa blessure

    commandeur des croyants

    à la vertu des eaux

    capteur de l’attention des sources

    et de l’éclat des larmes

    l’acier ruant des ruches magnétiques

    et rallumant la pierre

    l’eau de roche lui file au mors

    cintrant de l’arc la lampe, la liesse, la lumière.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ruisseau douce main d’eau

    Rocher

    A gravité polie en creux par la vitesse

    Cornée de pierre pérenne tresse

    De jour

    La marche au pas du gué

    (Une rincée des propres dents de la roche

    Où perle en barbe et pousse

    La langue d’algue douce

    Et ce qui suinte frais dans la fissure proche)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Fleuves aux fluences étales

    Turbulences d’échelle

    A bord

    Un futile fluide file sous ce pétale

    Feuille, fil

    Pulsante nymphe

    Torse ficelle

    Ici simple cymbale

    Lisse tambour d’aisselle

     

     

                                                                                                                                                                                                                                                                  Retour à Poèmes

     

     


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    Mon siècle, mon fauve qui osera

    regarder dans tes prunelles…

    (Ossip Mandelstam – 1921)

     

     

     

     

     

     

     

    Feu le monde tel quel

    Avec sa chemise rouge ouverte en croix

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Cadavre charrié des chutes poète putréfié Pardon pour ne pouvoir même pas tenir le seuil à ta terreur la nuit à ta vie brève la vue d’abîme l’odieuse espèce la messe massacre que crache l’hertz  et qui dépèce encore un peu l’espoir. Quel dieu sera assez riche pour racheter les peaux de tombereaux de tombes mille collines hachées d’innocence ?  Quel monde est assez lâche pour te vendre ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’un standard

    le pâle héros

    l’homme de la rue

    qui tient roulé en étendard

    sa creuse mémoire

    son câblage

    dans l’encodage du vaste ciel

    qu’il prend pour sa petite histoire

    qu’il garde en poche cinq sous de sens

    pour la nuit noire.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pour l’herbier, une idée oubliée dans l’histoire n’est jamais une histoire perdue.

    En terre rien ne disparaît, tout transmute, aussi bien pour le gai chiendent, cette pensée, l’épi de sa renouée, le trèfle en fleur, la raiponce.

    A point nommé elle surgira,  repartie d’un germe, d’une pluie, d’un autre pied. Une autre la même, plus tard dans l’humus des espèces.

    Générative.

    En prairie sèche, au printemps, on peut cueillir l’idée. La placer alors délicatement entre deux pages, s’aider d’un souffle, en mettant son rouge bien à plat. Refermer doucement. Presser.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Une pensée, configuration neuronale de connexions plus ou moins connexes est mise au monde toute vêtue de mots.

    On ne peut pas dire pour autant qu’elle n’a pas d’existence avant cela, mais une existence fœtale, dispersée et endémique.

    La voici donc traduite dans l’audible et le visible en diverses préemptions, assemblages, coupes et breloques d’engrenages linguistiques forcément vernaculaires.

    En rouages d’encre, en paroles médiatisées, on peut espérer d’elle une petite productivité. Il arrive qu’une fois libre elle rencontre une (des) configuration(s) neuronale(s) proche(s), plus ou moins  ébauchée(s), qu’elle renforce de son imprégnation, qu’elle affine à son image, et /ou par laquelle est  gauchie.

    Parfois létale, elle peut dans ses formes épidémiques atteindre  aux creusets quelque fièvre maligne, jusqu’au point de fusion des civilisations.

    Dans un autre paradigme la pensée fonctionne en clé biologique.

    Elle n’ouvre que les esprits prédisposés à son mode d’ouverture.

    Mettez en relation : Messagers, énergie. Information, impulsion.

     

    (La notion d’étagement, le terrain d’opinion, la position des gonds, et  toujours des effets de seuil. Remarquez que l‘énergie minimale du système est égale à l‘effet papillon).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Une vraie civilisation hédoniste aurait plus d’esprit que celle-ci, qui se donne en chacun au bourreau sans merci d’un ici-bas battu de désirs en devoirs.

    Mais l’acte d’être, le véritable vrai de la seconde battante, celui-là est effacé d’un long revers de coude, d’un fouet de canne, d’un lancer.

    Quel ennui ce poisson pêché – la vie! – blasés par l’abondance du miracle

    (mais l’aval, mais l’ailleurs, mais plus gros, mais : un autre -  et : encore !)

    Avide aveugle - eau d’œil vitré de rêves – soif d’éclairs – jouissance des pêches fraîches…

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les possibles ont des forces qui poussent  dans la matière. Si quelque chose d’elle cède, ils s’insinuent dans l’espace libre, eau qui s’infiltre, chiendent qui perce. Une fois advenu, rien du possible ne sera plus nié.

    Désormais le voilà qui fait son lit en légitime.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Posséder pour tenir

    le devenir des choses

    Est-ce pour nous punir

    Le cuir qui perd sa rose

    Le cœur qui trahit l’œil ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Quand il s’avère qu’avec l’autre et son air de boîte à double fond c’est bel et bien d’un présent commun qu’on parle, quand c’est d’évidence même qu’il vous tend ce qu’on cherche à saisir, alors il se passe de ces légers brisements de foudre, l’entaille tant attendue qui craque enfin l’opaque (par miracle, et parfois, entre amis).

     

      

     

     

     

     

     

    Monde qui m’est cousu comme un revers de veste

    un pli où je fais la doublure

    peu m’en chaut de toi si

    tout se perd dans la couture

    du seul linceul qu’il me reste

    moindre mal si en sens inverse

    le moindre du tout peut un monde

     

     

     

     

     

     

     


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    Ma sœur pas d’esclandre

    le chœur veille à l’encens

    pas d’autre eucharistie que celle du réverbère

    pas d’autre nef que la verrière

    l’autel innocent des plates bandes

     

     

     

     

     

     

     

    Entre le cinquième et le septième assaut le couperet tombe.

    L’acier fragmente d’abord l’urne en hydre bavarde :

    D’oracle sibyllin en monstrueuse jactance de têtes médusées.

    Des métaphores du rire.

    Du cri dans les jointures. Qui parle qui profère qui fuse si ce n’est elles ?

    Héroïne d’antiquité brocante boite déboîte dégaine contre l’hydre de Lerne, en perd ses repaires et la raison l’amphore.

    La lame de l’écrit tranche dans une panique hâbleuse.

    Ce qui suit devrait garder le suspend frêle des silences aux fontaines trop lentes.

    Orages – margelle d’erreur !

    Regarde ce qui reste de la chute des éléments baroques –  tout un lacet des traces…

    Infigurables.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Elle, la turbine, elle lance en quelques pales toute sa puissance de turbulence. Et trouve son premier régime qui fume dans l’oxyde de carbone, l’eau du lac ondule en tôle en sillon de vinyle et parfois, par miracle, c’est là que ça décolle, en graphes de graphite, risée rose, griffures d’essence…

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Tousse

    Crache

    Tu changes de branche, de régime

    de braquée, de kilowattheure

    davantage de crantage

    pour l’épaule de la rime

    carotide ô cœur moteur 

    accorde à ce cardan

    systoles soupapes

    le pas heurté de ton hélice

     

     

     

     

     

     

    Bénédiction urbi et orbi

    en survol de colibri

    du nid de la sarandane

    enfumé d’ondes

    ou d’offrandes

    chamanes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Saint Georges des nuages

    Dites-moi vraiment

    Mérité-je l’asile ou le couvent

    Ces jardins où l’on se tient sages ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    On demande pourquoi à la fumée

    la verticalité des sens

    mais elle répond volutes

    dissipation des corps

    cendres soufflées en galaxies

    le train de l’or dans la lumière

    d'une courbe qui dessine la nuque des planètes

     

     

     

      

     

     

     

    La cendre grise que j’écrase

    Laisse moi descendre d’une phase

    Fendre la phrase

    Et boire dedans

     

     

     

     

     

      

     

     

     

    Jument ô ma résinante

    au bel herbier qui m’évente

    le crâne de mille façons

    qu’est ce qui nous rend visible

    les fils tirés dans l’herbe

    quelle rosée rasante

    quelles giclées de verbe

    le cœur de toile pour cœur de cible

     

     

     

      

     

     

     

     

     

     

    Miscibles poussées

    fonctions

    mydriatiques qui m’inventent

     

     

     

     

     

     

      

     

     

    La somnambule en logorrhée

    Au vestibule de l’utricule

    Entre le marteau et l’enclume

    Entre la plume et la forêt

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Affouille

    excave

    le vers

    par la racine

    la bette

    par sa rave

    Arsouille

    retourne à tes amours d’endives

    la burgrave bredouille

    des excuses suaves…

     

     

     

     

     

     

     

      

     

     

     

    Bête comme pierre qui fume

    Sa peau de lichen à la braise

    Blette au deuil bitume

    La lèvre fade de la fraise

     

     

     

     

     

     

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