• Créer sa part d'une hypothèse

     

     

     

    Ici, prendre le temps :  retourner la pompe, inverser les vannes.

    Tirer aux berges le flux ployé en voix de gorge.

    Sous le chemin de forge, fondre la clé qui les délivre, la belle Aude, la fille au rouet.

    Enfin, à main droite,  la marge de leur feuille s’écarte avec la garde

    Oreilles ô feuilles vierges avancez-vous sous la couture des ronces, à la frontière de l’églantier.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Choisissez un jeune chevrillard
    De la saison des pommes
    Sinon une chevrette soyeuse
    Il y en a à l’abattoir
    Ou chez la bouchère joyeuse
    Découpez hardiment
    Une bouchée de reine
    Une côte d’Adam
    Au flanc de l’animal
    Rôtissez au rhum
    Gardez le sang de la blessure
    Pour fond de sauce
    Rajoutez-y à la mesure
    Sel et poivre c’est normal
    Une pincée d’épices féroces
    La présomption de la cannelle
    Une botte de légumes précoces
    Cuits entre eux
    Recette numéro quatre cent quatre vingt deux

     

     

     

     

     

     

     

     

    Créer sa part d’une hypothèse. Ca paraît ambitieux. Si le courant passe entre le faire et l’hypothèse du faire nous l’appellerons le continuer.

     S’il se situe dans une durée limitée (son unité dans l’effet de seuil) s’il contribue aux impératifs de l’espèce, à sa pulse, voire à l’hygiène du métabolisme, peu de divergence de fond.

     Définissons le faire.

     Mais, ici,  ne nous hâtons pas de le finir.

    Travaillons-le finement avec le respect de l’orfèvre pour la noblesse des matières, l’amour du forgeron pour le fusible.

    Des boucles à balcon, des accroche-cœurs d’Andalouse.

     Créer sa part d’une hypothèse c’est partir de mêmes données, par exemple : encre mains et mots  -  le maître du marteau, l’enclume.

    Voir où ça mène au même    -     au divergent.

     Après les avoir finement dépouillées, braisées et battues par le cœur propre, tenir fuselées, au bord de l’évanouissement du carbone, ces fibres vaguement stridentes.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Quel or donne cette eau
    Orpailleur de mes rêves ?
    Le poisson verse au verseau
    Une pépite pour l’orfèvre.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le cerveau à l’œuvre dans le dessin à l’encre.

    N’importe quoi mais qui vient des mensurations de la main, du pinceau, de sa souplesse d’usure, de la viscosité de la couleur.

    N’importe quoi mais toujours vu pareil, tiré vers son genre.

    Grenaillé, essoré fondu rapetassé réchauffé bleui.

    N’importe quoi de moins en moins venant tel qu’en lui même.

    Assigné.

    Attribué.

    Conscrit.

    Vous qui croyiez libre le vert.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Trouvaille transcendante

    ténébreuse magnifique

    pure gemme qui invente

    des fractales là on n’osait pas en rêver

    les secrets de la glisse

    des volutes

    des giclées

    En rises frises jetées en envolées lyriques

    marées brisants flammèches de jais d’encre

    l’obsidienne liquide dévore ce chiffon sable

     

    (dans la vague des papiers Felgines)

     

     

      

     

     

     

     

     

     

    Miroir sans doublure dont l’abstraction dévore le nid, mirage mi posture dont émergent d’étranges syntaxes d’allures étrangères, volutes, plateau continental, profondeurs marines, courants d’inductions, liasses, masses d’abandon tendre, champ libre à ce pendule, à l’oscillante, à l’incernable centre.

     (Papier marbré)

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’art de l’Ouest à son 20ème siècle, a peut-être été une tentative de figuration continue dans les strates du vivant. Arrêtée dans ses rets freudiens (Boltanski) remontant l’archéologie du métabolisme (Debré) ténèbres lisses (Soulages) courses synaptiques, mouvements browniens (Sam Francis, Hantaï, Pollock) jusqu’à la déchiqueture (Michaux) des circuits perceptifs saisis vifs (Mondrian, Malevitch) ou myopes (De Koonig, Joan Mitchell) …
    Monde infiniment peint retourne là son gant.
    La photographie ayant pris le relais de l’extériorité – le paysage, le portrait - avant les grandes conquêtes de la tomographie à effet tunnel.
    Dans cette fenêtre de tir la main de l’homoncule clignota dans la jungle cérébelleuse.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’intérêt de l’expérience du mobile d’axe unique tient à l’angle de mise en mouvement autour.

    Ainsi le pinceau double – celui du supermarché d’Hong-Kong avec sa coiffure de punk Han.

    Un peu penché il donne une doublure gratuite au trait, il accouche d’une ombre, donc de lumière, jumelle d’avers, sans la moindre douleur pour personne.

    Quand on s’y prend bien lui et moi on parvient à suggérer trois dimensions en vertu d’une mathématique finalement pas si exceptionnelle qu’il faut et qu’il suffit du deux pour engendrer le trois (ici une figure émergente, un volume, dans l‘espace visuel cérébral)

    Sa trinité ramène à l’un,  tous les termes y sont égaux.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Hasard

    multiple miroir de l’art

    n’en finit pas de te farder les cils

    au bistre

    Ce pli de page

    ta bouche

    fossile intarissable

    muette

    voix de matière

    même les jumeaux n’ont pas plus limpide langage.

     

      

     

      

     

     

     

     

    Si l’Occident cherche tant dans la tâche du portrait (espèce de figuration d’espèce qui peut, ensuite, trahir d’un col sa culture) c’est sûrement que son esprit s’y retrouve.

    Ici, donc, toujours quelqu’un.

    Multiples soi-même de qui n’est Personne, mes plusieurs de Bashung, tous les noms de Plume, identités discrètement identifiables, dominants dominés, gominants gominés, les ébauches lentes à venir, mouvantes superpositions, photos, nécros, bios, figures, tombeaux.

    Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change.

    La somme des représentations mentales qui servent à reconnaître le possible dans autrui. Distance de la reconnaissance qui tend à raccourcir (mon œil presbyte fait durer le suspens).

    A un instant pourtant, tel un panorama offert par le brouillard, passant le seuil de conviction, la chaîne des preuves se fait visible.

    Reste alors dans la foule à cadrer au plus juste.

    Le maître tire à l’excellence. Le gai pinceau va vers l’épure.

     

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Commentaire de Rubens (dessin copié)

    L’ampleur de la violence guerrière dans l’embrouillamini des corps équestres et humains, le monceau des morts à gauche en bas d’une transversale qu’équilibre l’élan divin. Dans la même ligne des rênes et des lances, les plumets répondant aux nuées célestes tirant à elles chevelures et crinières. Le métal jette ses feux.

    Le geste des armes et la course des hommes convergent en étoile autour d’un foyer étrange, une aube un  peu spirale ordonnant le chaos. La profondeur que donne l’esquisse des plans - le miracle est dans le point de vue - le vertige d’un faux désordre maîtrisé de la main du peintre. Le héros magnifié par la géométrie, le nombre d’or, le topos des acteurs du drame, détachant son auguste silhouette sur un halo fort approprié (du meilleur aloi pour le prince).

    A cette échelle, seuls les morts ont un visage.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Toujours l’esprit noyé d’avenirs et de chimères, œil de lac gagné par le jonc.

    Le seul réel est ce défi que le cerveau construit photon par photon, les trente-cinq mille échantillons des Gobelins et autant de plans qu’en file ma sœur la jumelle, au rouet de mon front.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      

     

    Entropie de l’encre : une expérience facile du devenir chaotique des structures dans un verre d’eau.

    Un verre translucide.

    Remplissez d’’eau fraîche.

    Ne buvez pas.

    Laissez-la dormir.

    A la pipette

    au centre

    une goutte de bonne encre.

    Bleue ou brune.

    Observons

    peu après la chute

    des volutes gitanes

    des galaxies de voiles actés au déploiement de plus en plus lent (une éternité au mieux de quelques instants).

    Sans le toucher tournons autour du verre.

    Ce qui fond a fusé entre les lignes de force

    Ici un reste d’escalope évanescente 

    rubans en bandes

    l’âme d’un chat

    passante au flou photographique

    une mariée sépia mangée par la levure.

    Changez l’eau de ces extases.

     

     

     

     

      

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Dans la composition aux miroirs auto-réfléchissants, et ce par claire nécessité, personne ne voit la même chose (le sujet n’étant sujet que pour lui même). A expérience identique, solipsisme de la perception est ici perception du solipsisme (la maison fait dans le conceptuel).

    Remarquez-en l’architecture très exotique, des arcades dentées des enfilades d’yeux et autres caryatides vaudou, un Taj Mahal fait de vierges visages de deux moitiés semblables.

    (à l'oeil le pantin spéculaire de grand-père Louis au mouvement perceptiblement louche).

     

     

     

     

     

      

     

     

     

    Décide-toi lumière nord-ouest ou sud-est

    Choisis ton heure

    Pas un pays ne tiendrait sous le double jet de ce blizzard

    Ton blix bleuit déjà mes lèvres d’archipel

    Les blocs erratiques remontent leur glacier

     

     

     

      

     

     

     

     

     

      

     

     

     

     

     

    Le vert du miocène que l’œil protoanthrope

    assigne à la fougère

    foisonne à ce pigment

     

    (fulminique fut la forêt)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les rêves de l’aquarium rendus à l’aquarelle.

    Fuse, symbiose, creux qui dépasse la somme des espèces.

    L’indispensable dans l’équilibre que dispense l’espace.

    Je m’y noie.

    Ici même se dispense.

    Respire, génie de l’agencé.

     

     

     

     

      

     

     

     

     

    N’oublie pas

    le pas de ce compas

    d’inox

    talon aiguille jambe de bois

    la mine

    taillée en museau demi- fox

    la rondeur de sa hanche

    le fil à plomb qui penche

    et ce surplomb de manche à échelle de doigt

     

    (un tango pour la feuille à dessin).

     

     

     

     

     

     

     

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