• Feu le monde

     

    Mon siècle, mon fauve qui osera

    regarder dans tes prunelles…

    (Ossip Mandelstam – 1921)

     

     

     

     

     

     

     

    Feu le monde tel quel

    Avec sa chemise rouge ouverte en croix

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Cadavre charrié des chutes poète putréfié Pardon pour ne pouvoir même pas tenir le seuil à ta terreur la nuit à ta vie brève la vue d’abîme l’odieuse espèce la messe massacre que crache l’hertz  et qui dépèce encore un peu l’espoir. Quel dieu sera assez riche pour racheter les peaux de tombereaux de tombes mille collines hachées d’innocence ?  Quel monde est assez lâche pour te vendre ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’un standard

    le pâle héros

    l’homme de la rue

    qui tient roulé en étendard

    sa creuse mémoire

    son câblage

    dans l’encodage du vaste ciel

    qu’il prend pour sa petite histoire

    qu’il garde en poche cinq sous de sens

    pour la nuit noire.

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pour l’herbier, une idée oubliée dans l’histoire n’est jamais une histoire perdue.

    En terre rien ne disparaît, tout transmute, aussi bien pour le gai chiendent, cette pensée, l’épi de sa renouée, le trèfle en fleur, la raiponce.

    A point nommé elle surgira,  repartie d’un germe, d’une pluie, d’un autre pied. Une autre la même, plus tard dans l’humus des espèces.

    Générative.

    En prairie sèche, au printemps, on peut cueillir l’idée. La placer alors délicatement entre deux pages, s’aider d’un souffle, en mettant son rouge bien à plat. Refermer doucement. Presser.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Une pensée, configuration neuronale de connexions plus ou moins connexes est mise au monde toute vêtue de mots.

    On ne peut pas dire pour autant qu’elle n’a pas d’existence avant cela, mais une existence fœtale, dispersée et endémique.

    La voici donc traduite dans l’audible et le visible en diverses préemptions, assemblages, coupes et breloques d’engrenages linguistiques forcément vernaculaires.

    En rouages d’encre, en paroles médiatisées, on peut espérer d’elle une petite productivité. Il arrive qu’une fois libre elle rencontre une (des) configuration(s) neuronale(s) proche(s), plus ou moins  ébauchée(s), qu’elle renforce de son imprégnation, qu’elle affine à son image, et /ou par laquelle est  gauchie.

    Parfois létale, elle peut dans ses formes épidémiques atteindre  aux creusets quelque fièvre maligne, jusqu’au point de fusion des civilisations.

    Dans un autre paradigme la pensée fonctionne en clé biologique.

    Elle n’ouvre que les esprits prédisposés à son mode d’ouverture.

    Mettez en relation : Messagers, énergie. Information, impulsion.

     

    (La notion d’étagement, le terrain d’opinion, la position des gonds, et  toujours des effets de seuil. Remarquez que l‘énergie minimale du système est égale à l‘effet papillon).

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Une vraie civilisation hédoniste aurait plus d’esprit que celle-ci, qui se donne en chacun au bourreau sans merci d’un ici-bas battu de désirs en devoirs.

    Mais l’acte d’être, le véritable vrai de la seconde battante, celui-là est effacé d’un long revers de coude, d’un fouet de canne, d’un lancer.

    Quel ennui ce poisson pêché – la vie! – blasés par l’abondance du miracle

    (mais l’aval, mais l’ailleurs, mais plus gros, mais : un autre -  et : encore !)

    Avide aveugle - eau d’œil vitré de rêves – soif d’éclairs – jouissance des pêches fraîches…

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les possibles ont des forces qui poussent  dans la matière. Si quelque chose d’elle cède, ils s’insinuent dans l’espace libre, eau qui s’infiltre, chiendent qui perce. Une fois advenu, rien du possible ne sera plus nié.

    Désormais le voilà qui fait son lit en légitime.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Posséder pour tenir

    le devenir des choses

    Est-ce pour nous punir

    Le cuir qui perd sa rose

    Le cœur qui trahit l’œil ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Quand il s’avère qu’avec l’autre et son air de boîte à double fond c’est bel et bien d’un présent commun qu’on parle, quand c’est d’évidence même qu’il vous tend ce qu’on cherche à saisir, alors il se passe de ces légers brisements de foudre, l’entaille tant attendue qui craque enfin l’opaque (par miracle, et parfois, entre amis).

     

      

     

     

     

     

     

    Monde qui m’est cousu comme un revers de veste

    un pli où je fais la doublure

    peu m’en chaut de toi si

    tout se perd dans la couture

    du seul linceul qu’il me reste

    moindre mal si en sens inverse

    le moindre du tout peut un monde

     

     

     

     

     

     

     


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