• Hiver mon joli

      

     

     

    Je t’aime pays comme une grosse bête mouillée qui attend stoïquement la neige, les yeux mi-clos. 

    Tes filles les vaches ont la couleur des mottes. 

    Tes ravines suintent l’herbe jaune, la corne lisse, le bois noirci .

      

     

     

     

     

     

     

    Nid d’alouette des dunes d’herbes

    Laissé à la licence de l'air

    Et piétiné de neige

    Chaton ficelle frisson jaune

    tu perds au vent le feu de tes brindilles

    Le cœur de ton soleil de chaume.

     

      

     

     

     

     

     

     

     

     

    Elle crisse ses cents crayons de bois

    sur mes rousses hérissures

    et la corne de mes sabots

    son rire de jument pie bleu

    à la gencive du muret

    car toutes les crinières du jour

    n’ont guère raison d’elle

     (la neige est dans mon pré)

     

     

     

     

      

     

     

     

    Fantômes sans chaîne

    Beaux draps de ce massif central

    La vierge neige au pied du chêne

    S’empreinte des traces du cheval

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La blanche ensommeilleuse

    Sa Solitude des fuseaux

    La pente des montagnes 

    en nappes somptuaires

    Lisseuse enfouisseuse affameuse

    d’oiseaux

    Le salut de la musaraigne

    Le règne de la phalène en suaire

     

     

     

     

      

     

     

    Horizon monochrome ô

    Cristal intact

    Parfaite ville d’eau

    Pas d’autre bi ou quadrupède tache

    Dameuse estafilade

    Pas d’autres ébréchures que celles dues au föhn

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Qui peut mieux que l’hêtre lisse

    aux extrêmes rousseurs

    dire en étain d’écorce le torse des coursonnes

    l’essence 

    des lentes virulences

     

     

     

     

     

     

     

     Monde nappé d’étoiles chues

    (le cataclysme fut indolent)

    Ceux qui restent sont méconnaissables

    Etouffés émoulus fourbus

    D’abord reviennent les corps des grands genets noyés 

    à fleur de relief

    le blanc désert est roi mais son royaume est bref

     

     

     

     

     

     

     


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