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Mesdites, méditez
La méditation c’est peut-être la recherche de l’interaction physiologique à minima entre le monde et la conscience du monde.
Pure recherche d’épure, traque de la particule à son point de renversement comportemental. En amont des forêts des mots et des systèmes.
chapelle/à la crête présente /au changement de densité de l'air
en chair
une écoute de la fonction d’onde.
Grésille, épiphanie du vide.
Usons de ce miracle : la matière éprouve, juste là où elle palpite.
(Un vide noir grésille - Etienne Klein)
Dans le jeu qui consiste à ressentir : le bonheur c’est pour tout de suite, on mesure l'incroyable danger, le vertige ontologique, la constante de fuite.
Quelque chose de prépondérant dans le système l’a programmé en horizon.
Ce qui n’a pour nerf que le désir n’a que faire de l’actualité du bonheur.
Le bonheur présent est trou. Au mieux : on s’empâterait dans sa province.
La nature repousse le bonheur, elle le contourne, elle méprise son petit nom mièvre.
Il bée, béant : à la bonne heure ! Elle monte dessus ses insatiables vrilles.
Combler couvrir, pour nous espèce : vivre c’est conquérir. Quel téméraire ne cherche la possession ni la victoire *?
*Philippe Jaccottet (Qui chante là-bas)
La vraie patience consisterait à aller jusqu’au bout de la perceptibilité de chaque acte. Le moindre fait ou geste révèlerait d’interminables résonances fractales : des vertiges de plaisirs sur l'interface chimique, de passionnantes brûlures concentriques, carte de flux nerveux, delta salivaire, saveurs, insoupçonnables arrière-goûts aux signatures synaptiques...
Et si cette extraordinaire fiction du moi était toute entière tendue dans cette fraction de seconde qu’il faut au flux électrique pour parcourir le corps ? Une conscience discrète naissant de cet itinéraire, pulsant pensée du geste, fait du geste et retour des sens. Limites pointilleuses qu’on prend pour des frontières. Même trajectoire pour la parole. Convergence et accumulation des pas creusent des traces, définissent l’architecture et la carte, les boucles donnent l’illusion de la ligne, les rives baptisent d’un même nom le fleuve.
- Et toi qui prétends au barrage. Tu es téméraire comme un Chinois sur l’Amour.
Cette barque a une fuite cher Mi
J’écope
J’écope
Avec ou sans clope
Jamais je ne tiens à demi
Nu le bois à sa coque
S’il s’agit de rejoindre l’origine du carrefour
Retraite
A ce point de poussière
Que de verstes, depuis, que de verstes
Ralentissent ce cheval vapeur
Dont le mors pousse dans la denture
La conscience sans interférences (présence, percepts) imite l’état quantique de superposition d’états, ou du moins ce que je m’en raconte.
Le rêve est d’ailleurs pareillement feuilleté et seule la narration en réduit l’épaisseur de liasse, le ramenant au phénotype avant/ après (un abus de langage, une manie mnémotechnique, un réflexe d’espèce : chez nous, tout fait histoire).
Dans l’état naturellement multiple et décidément imprécisable qui se profile en deçà de la parole sociale et de l‘interaction des êtres : la grande galerie, l’innombrable spéculaire des multiples en acte.
Mes rôles, mes cent mille, bel et bien autres les uns aux autres.
Avant de les avoir réduits au silence (se peut-il?), un petit tour de foire :
Le verbe, dans l’entre-deux, avant raccord des tubulures dans les tableaux de la tubuline, saisi quand il franchit un seuil de décohérence.
Fuyard, une victoire pour le lièvre.
Le lointain proche, le toujours remis à l’inusable perspective. L’intouchable familier, discret par excès d’ordinaire.
Gibier trop abondant. Négligence à saisir. A peine tendre eût suffi.
Mais s’éprendre de l’épreuve d’éprouver.
Ou posséder défait par l’effacement du propre.
Le moi d’ici – l’ici mouvant du corps – le moi d’ici qui se donne là – par pur entêtement des faits – n’est pourtant bien que la merveille du corps. Que ce soi-disant pur esprit méprise affectueusement pour la grossièreté de son naturel…
Archétype de l’ingrat, enfant inattentive ! Le corps qui parle en fou, en simple, en exalté, manière de vieille mère et babillages enfouis, le moi emballe tout ça pour le gîte et le couvert, l’aveugle et le ciel borgne, dans l’impatience du mouvement.
La vacance amorce la vacuité. Quand la liberté habite le faire, en fer de lance, le vrai vide a rendu les armes. Le vrai vide n’a que faire de lance, de plume ni même d’un poil de pinceau. Le vrai vide n’a que faire de l’encre.
On pourrait dire qu’il ne ressemble à rien pour personne, avec un lecteur en moins, sa vacance.
Prenez-vous pour ce que vous êtes.
Un hasard vivant
que le corps du discours ne cesse de contraindre
tout palpitant dans l’instant même
d’inférences réticulaires
Un hasard racinaire
animé de flux
lissé au gré de l’eau
plis, sèves, fils
agile
sophistiqué
menteur comme un miroir de l’âme…
Et taisez-vous!
Pas de parole pour dire le spasme spéculaire.
Quoi d’encore plus ténu
Dans l’orbite de l’infime
La quenouille de l’onde
Son cocon ?
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