-
Par Arvénie Hem le 19 Juillet 2015 à 16:17
Je t’aime pays comme une grosse bête mouillée qui attend stoïquement la neige, les yeux mi-clos.
Tes filles les vaches ont la couleur des mottes.
Tes ravines suintent l’herbe jaune, la corne lisse, le bois noirci .
Nid d’alouette des dunes d’herbes
Laissé à la licence de l'air
Et piétiné de neige
Chaton ficelle frisson jaune
tu perds au vent le feu de tes brindilles
Le cœur de ton soleil de chaume.
Elle crisse ses cents crayons de bois
sur mes rousses hérissures
et la corne de mes sabots
son rire de jument pie bleu
à la gencive du muret
car toutes les crinières du jour
n’ont guère raison d’elle
(la neige est dans mon pré)
Fantômes sans chaîne
Beaux draps de ce massif central
La vierge neige au pied du chêne
S’empreinte des traces du cheval
La blanche ensommeilleuse
Sa Solitude des fuseaux
La pente des montagnes
en nappes somptuaires
Lisseuse enfouisseuse affameuse
d’oiseaux
Le salut de la musaraigne
Le règne de la phalène en suaire
Horizon monochrome ô
Cristal intact
Parfaite ville d’eau
Pas d’autre bi ou quadrupède tache
Dameuse estafilade
Pas d’autres ébréchures que celles dues au föhn
Qui peut mieux que l’hêtre lisse
aux extrêmes rousseurs
dire en étain d’écorce le torse des coursonnes
l’essence
des lentes virulences
Monde nappé d’étoiles chues
(le cataclysme fut indolent)
Ceux qui restent sont méconnaissables
Etouffés émoulus fourbus
D’abord reviennent les corps des grands genets noyés
à fleur de relief
le blanc désert est roi mais son royaume est bref
votre commentaire -
Par Arvénie Hem le 19 Juillet 2015 à 16:44
A parler du corps
encore parler du corps
si tu veux ces maux à mots couverts
ses assiettes et ses verres
sa table, ses cinq commensaux
le sixième et le non-sens
en dernier ressort, en dessert.
Chaque fois une autre
et subtilement identique architecture
de mieux et de pires
(il est probable que le pire gagne)
Je suis de ce navire qui épouse mon corps.
Je tresse je frotte je tors je tangue je chavire.
Rarement je capitaine
La toile plisse le poids déplace la masse des appuis.
Tout ce qui peut se ploie.
Tout ce qui grève grince.
Tout ce qui sangle cède.
Seul le temps s’écoule de ces infimes plaies.
Des phosphènes de fièvre.
Des dedans qui deviennent dehors des seuils de Moebius à l’éternelle intériorité expectorée en boucle
Support
Surface
Orage orange
Boréal
Vertige complémentaire
Vortex médullaire
Et aucune pierre de touche pour faire cesser la chute.
- Et vous, qui vous soulage ? La nuit ?
Mes genoux soyez brefs
et veuillez préciser l’adresse
N’hésitez plus sans cesse entre les flammes
et les archanges
à la rotule couronnée
je ne suis dans ce bas relief
que quant-à-soi de roi de cartes
Tangible poreux
Fissile texture
Très visible mirage
Hachures - échelle humaine
Il y a quelque chose d’irréductible entre son apparence et soi, et c’est seulement dans l’abandon à la multiplicité intérieure qu’on approche quelque peu de leur vérité commune.
Toute cette ardeur du vif à l’assaut de l’intuition d’un seul.
La fracture est première, spéculaire et ultime.
Entre nous rien de plus que le commerce de la chair.
O corps grand intrigant
Je décode de la codéine
J’aspire à l’aspirine
Qu' importe les méfaits
Quand je cherche l’effet
Ras le gant
Mon petit pied
Ma main hors paire
La belle fraternité de dix nonnes de nacre
Salut à mes extrémités
(ma grand’mère disait : il fut un temps où le monarque était aimé de ses sujets)
Une mouture inquiète – un inquiétant mutisme.
Que dire, fine moulure de poudre, marc à la foudre discrète : l’entrisme des tortures, l’extase des systoles ?
La ligne de fuite à l’abandon des bandes – la fractalité du muscle, la hiérarchie des fibres, la cohérence des faisceaux.
Tout pourrait céder à la mire.
Et l’axe du laser spirite déconstruire pièce à pièce l’architecture de l’espèce, chaque veine rongée de vrilles.
Tu tires tu tries tu délies tu déligotes, ordinant là tes derniers prêtres avec l’onction de l’heure et la courbe du calice.
Que tombent les tensions qui cerclent l’acier, les cordages, les nerfs du bœuf, la peur première, l’œil injecté des abattoirs.
Que tombent ces viscères et avec elles toutes les misères du monde.
(entrailles, aruspices)
Rien. Le monde ne s’épuise jamais.
On peut tout vider fermer les sens en volets de persiennes.
Il reste le dernier territoire de l’île, l’obsidionale, la grande plaine des grands muscles, la fissure, la ruche.
Et le vent ! le souffle qui plisse, le vent qui baigne, l’axe de la moelle, le pont des fractures, l’auberge du genou…
Malgré le solipsisme se tiennent l’infus en lierne
le lierre en fût
des cathédrales de feuilles signées d’un sceau de cierge et d’un faisceau de fièvre
le javelot incendiaire qui se tire en javelle
la falarique en feu qu’on pique aux murs de brique en attendant l’assaut.
(nos guerres intestines)
La mort que je serai est déjà là petite.
Endogène.
Volubile.
Vous périssez par quoi vous avez vécu.
Les chiens ne font pas des chats.
La mort vient de dedans
Je revendique ma part bactérienne
Je m’y cause, bien que son intelligence épidémique soit supérieure à mon espèce humaine
Je donne chair à l’in trus
Je suis sa manifestation
Je suis sa chair à canon
Je l’incarne à cette échelle
Fungi virus archées
en miette de la cellule
tout ce qui code de l'espèce.
Entrer dans tous les instants du corps.
Dans la danse de leur rythme complexe – l’entrelacs de ses rythmes.
Chemin mouvant à parcourir – peut être de mieux en mieux connu. Peut-on dire qu’il ne mène nulle part ? D’une certaine façon dans un nulle part d’infinités.
L’infinie conscience qui ne parle que vive.
Si le champ est borné l’infime, lui, est sans borne, et toujours plus précisable dans la nomologie :
Monde, intarissable diseur de loi.
En tournant l’attention vers le corps il s’avère un autre monde arpentable et pourtant indescriptible, tout parcouru d’itinéraires aux simultanéités sidérantes.
La quatrième dimension est la conscience qui coud, qui tresse le fil du temps à sa texture d’espace.
Taiji : Le cerveau à l’œuvre dans ses recoins qui sont des gestes. L’attention convergeant aux points qu’on disait névralgiques.
Correspondances des équilibres. Prédominance du circulaire.
Dans le sillage du gouverneur, son itinéraire en réduction concave. C’est dans l’échange de ces données mouvantes que quelques dons s’échappent de l’abondance des possibles.
En posture assise, la détente musculaire débouche sur la découverte de l’axe qui surgit de la jungle des fibrosités intérieures : après les frondaisons de langues et de feuilles, en un chemin furtif, tel Angkor émergeant des forêts tropicales. Une superposition de ses forces minimales, une sinuosité souriante, des espaces luminescents, du jour, du chaud, des sèves verticales.
Le temps d’un corps, son rotor, et loin, un point d’épiphanie, fut-il inorthodoxe, infime décadrage de plans. Un décor d’avant l’aube de la suprématie des ondes, à l’est des écluses de l’hertz. Il s’agit comme toujours de rejoindre l’origine du carrefour, alors que tout était encore matière. Des verstes à endosser pour le delta lointain de l’Amour.
Au vent un printemps, un frémissement de fin de gel, passé au grand ralenti des steppes.
(synopsis pour un film fleuve)
votre commentaire -
Par Arvénie Hem le 24 Juillet 2015 à 22:56
Ces laies tracées dans l’espace intérieur
ces coupes claires
ces sentiers aux embranchements sylvestres
qui mènent au cœur d’angles morts
ou vifs
à des autels
à des cabanes d’arbre à hauteur de mains
Fruits, fleurs
plans de cuisine
siphons de vasques
chemins qui ne mènent nulle part qu’à l’ailleurs (considérez le cas du lit et ses flagrants délits de songes).
Les mêmes foulures témoignent
les encrassures surenchérissent
les écaillures cancanent (je prends quelques clichés)
Avouez que qui vit là ne cesse de s’enfuir
(ou est-ce qu’on s’y déploie ?) ?
Des cimes de polyester
Des séracs à rayures
Ruisseaux de plis dont le lit fait le lac
Tout le reste du massif plié par le sommeil
A l’orée des battants
sur la proue des persiennes
La vague automobile
La cloche des pontons où s’arriment les heures
L’aileron d’hirondelle
Dont l’aigu tombe en vrille
(les souffrances ignorées de l’hyperacousique)
L’instant est prosaïque. Il cliquète du poids des fourchettes, du pyrex de la vaisselle, une ligne brisée que ne surplombe que le crissement des freins et ceux de l’hirondelle. Plus bas, il grumelle son tissage, il bouclette en moquette et glisse dans la rayonne, en petits reflets bredouilles, en moires, en rumeurs.
(le repas)
Le lointain tel qu’il meut
sa ville
sa courte corde sa corne suave
mouvements
sur les bords de l’inouï
l’écho courbe bâti de ses anciens remparts
l’usage d’un jeu molaire
à la vièle de pierre
et zinc - des toitures à revoir
trottoirs
et résonance des regards
tessiture phonolithe au sabot des murailles
– ferme sainte – forme ceinte
disparition
dans l’élégance des façades.
L’angle de zinc
Son bleuté
Le ton tendre qu’il prend mouillé
Le plastique de ses manches
La pente des gouttières
Le bulbe un peu bulgare
Chef-d’œuvre du zingueur
L’angle du zinc
Son triangle
Ses cônes de patelle
Ignorés de sa sœur de l’ardoise
La cendre qui manque à la tuile
(Pour l’amour des toits)
Patère austère
Pattern Auster
Par tous les cintres
Qu’on pend à longue
Heure de temps
Le sac prend son regard d’en d’sous
Et la lumière est vache avec ses rides
La manche fait sa poche
Le col fait sa pioche
La veste la chemise
Mais la casquette rêve du large et de largesses
Marines
Où elle retrouverait ses galons de serre-tête
Une tranquillité d’âme mais guère plus claire qu’un thé.
Pluie.
Le signe qui persiste au nadir de ce bol.
L’idéogramme naquit du creux des porcelaines. Cueillette d’un vieux printemps tirée des pentes, des nuages, du long chemin de son négoce. La foule des paysages qui cache ses visages dans l’abondance des feuilles.
Dehors, ce mimosa qui meurt garde une certaine allure.
votre commentaire -
Par Arvénie Hem le 19 Juillet 2015 à 22:12
Poètes
Pères profonds qui êtes
debout à la dure-mère
bâbords corsaires
bois flottés
bois piégés
bois blanchis
par la fougue lente du corail
art arthropode
ficaires
langues sargasses
et claires bacchantes de calcaire.
Toujours plus de tiroirs à ce pauvre cerveau
La bergère lui cède, le secrétaire empire
Deux rideaux qu’un rayon déchire
La clisse jaune de l’enclos
(mais quelque chose est beau de l’air)
Or toi martyr lassé d’ardeurs et d’Ardennes
marcheur un beau
désert s’est ouvert sous tes pas
la plaie que tu recouvres médite sa gangrène
enfin ta bouche a soif
pour l’Harrar tu renais, irradies et ruisselles
grilles tes pierres à feu
sécheresse miraculeuse
mirage du mica dans un cristal de sel.
tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud … (René Char)
Ce scribe mal armé
d’une botte de roseau
à l’entrée du désert
la tombe de la momie l’y terre
mais l’herboriste est fan
de l’onguent des délices
formules hermétistes
mystères
glyphes de pyramides
pour des futurs spéculaires
à elliptique éclipse
Langue cime
La voix inquiète qui harangue
Le cœur dans le pas du marcheur
Aspire au trismégiste espace
Solitude récif étoile
La bouche à balbutier sa liesse
Qu’importe. Qu’elle soit de notes de portée médiane tangentes à l’oreille de l’homme, entre soupir et porte, d’aigu de gente Diane aux graves de bégum. Qu’importe. Qu’elle porte en elle la quinte (la floch, la coloquinte, celle du catarrheux) la tierce et la septième – les charmes de l’impair – la laine du verlan qui démaille Verlaine.
Elle
l’abeille
la fausse libre
à l’aval erre / itératif envol
du pôle du pistil
aux marges arasées
Et toi ! Ardente ruche sa grammaire
qui bourdonne toujours à l’épaule d’un toit
divise
chez la phraseuse fauve
l’incise du grégaire
sa cause
par les angles du zinc.
Allons
à table
œil prend ta cuiller
pain miche
eau
en cruche
et nos amours
ce plat tonique
cuisse de volaille ravie
mise au four
l’amarante tripée
balsamique
l’entraille de sa vie
la veine bleue de sa clique
puis ce parfum rôti
de Plume
le fantôme
d’Henri
(Mangez vos poètes favoris)
Inspecteur de l’obscur
Henri
Mi frère mi chauve
Fausse lisseur des pôles
Barbare tiré d’Asie
Plume d’effraie
Teint jaune
Char, flèche, cordée, vierge sève.
L’injonction d’être, l’acharnée, celle que la nature nous tend dans l’abondance des branches, il fait fût de tout bois.
Quoi qu’il en saigne : verse.
De cette façon ultime d’être intense, audace, foudre d’ivresse, acte d’extrême lucide.
Contre le petit mal, l’ancienne fascine, un fagot qu’on ficelle de cents mots déjà morts qui morcellent l’ego.
Bris prosaïque, mobile sans vide, vent sans rumeur. Sans air de rien : grave, creuse, balance, livre sa ligne à libre lyre.
L’impalpable participe du maintien, la gravité du monde à l’attrait des morphèmes.
La langue reste de fil. Le poète pose une lance :
d’un tas de tablatures il tire : la harpe brève du mélèze.
Cap jeté à Dieu ne plaise
Erratique sillage
Narguant le nain qui reste à terre
Dérouler fils et cordages
Risée ganse ridée
A rayures fraise
Rire amarante et feu de lèvres
Soie maritime des lavatères
Cendrars m’a pris le bras pour charger l’œuvre rare
et ses malles d’orgueil et ses coffres d’ardeur
une traversée venteuse au soleil des salines -
l’éclat de son ciel d’huître
(et sa perle baroque dans la brume plombagine)
personne ne se souciait alors des mœurs ni des morts.
Dans la course de Leiris j’aime la tentation de la chevauchée, sa fièvre d’emballement équestre, de l’ivresse balbutiante à la lyre de la langue, dorure de cor, oralité d‘oracle, le rythme des sabots sous le pas des solives, le souffle libre et des trésors de force à la voûte de diaphragme, tout un décor de fibres et d’étoiles aux anfractuosités filandreuses, profondément filandreuses…
Que faire de ces mucosités dans l’encre qui orientent l’axe d’écoulement ?
(fourbis, biffures, fibrilles, frêle bruit)
Puisse le fil de l’eau
Horizon
Illuvial
Lisser le sol de joncs
Indissolubles
Peigner la pierre
Polir joncher
Etendre
J’accoste à ce coteau
A flanc de pente
Coupée d’eau
Claire
O
Trame
Translucide
Eclats des cimes
Terre
Pour le grand vent je fais la manche
Oh que ta vie au / grand air des plateaux
Hauts
Entre l’aztèque et l’hidalgo
Un mot de Paz et ce Mexique
M’excite mieux que mes dimanches
Celle qui court le chemin battant d’une autre rive
A perpendiculaire de fines échelles de schistes
Celle qu’affûte la lame des feuillages
Et disperse la voix humaine
Parlant dans la polarité des laves
D’échines décimées
D’obsédantes images
De la soif des reflets
A tenter d’habiter un pays plein d’arêtes
A peau froissée de vieille carte
Qu’on tourne pour en trouver le nord
(Vénus, simple fontaine
Tu parles avec les chiens
Et rêves dans les racines
Ta phrase minérale qui cisaille ma bouche)
L’oblique ardeur poursuit la crête
l’invisible pétrit la terre
à l’avers
le pli la voûte et tourne la rondeur
au terminateur des planètes
(Tout l'oblique vient de Guillevic)
votre commentaire -
Par Arvénie Hem le 21 Juillet 2015 à 21:49
Ce n’est pas par hasard que les émotions ressemblent à la matière.
Et presque insupportable de se tenir en face, à la jumelle, dans le déferlement de la vague. Cette course qui submerge la vision dans une intraitable marée montante, joufflue, écumeuse, dévorante de roches (au Cabestan).
Les plagistes replient. C’est novembre sur l’ouest et pourtant bleu derrière. Les crêtes, des horizons d’argent. Le raz de Sein infime au fil d’acier flottant.
Cartes postales, photographies verbales.
Les émotions imitent la dynamique des fluides c’est pourquoi le poète est toujours tenté d’eau, d’amphores emphatiques aux métaphores marines.
La métaphore n’est jamais qu’un mode de duplication du vivant.
Méditer est lacustre.
Les émotions sont vagues,
Les raisonnements sont flagellaires.
Eau qui donne à la perle son orient et son lustre.
Estives de l’estran
Archives des marées où repaissent des monstres
d’essences halophiles et longue arborescence.
Au recyclage des rebus secs
miettes de crabes creux
en lisière d’estran
l’algue noircie et la meringue de seiche
la crevette géante des plastiques sans tête
le pas du goémon
l’obsidienne des goudrons drapée d’ancien velours
intact
si le sel tient au vent
le filet tient au vert
en fait presque aucun insecte
mais l’avant-garde des lavatères
Ecumante conquête des rochers: tous ces petits pays tranquilles ravagés d’escadres bombardantes, survoltées, cataclysmiques. Rafles sur les mogottes moussues.
Sous un soleil inca, torrents crevant les lacs tranquilles, huttes berniques, patelles au levant sable passées au lance-neige carbonique tirée des profondeurs alcooliques de son bleu.
Puisse-t-on, sous l'assaut de longues lames fouissantes à l’aisselle du rocher, tenir un monde par dessous !
Inonder, inonder, maître mot de marée.
Cyclique blitzkrieg, putsch bègue à la bouche de la grande liquide dont seules quelques peuplades frontalières s’accommodent – réduite prise au flux, maîtrise du tirant d’eau – cette fausse peau lisse au cuir rétractile, peu furtif reptile, lézard à mains marâtres…
Marée
Sourire des lunes
Monde déversé en vertu des occurrences et des cycles
J'en reviens où ta fraîcheur miroite.
Là où la rive convulse
Sa ligne vire au vert
L’assaut des écritures à la suite du grand saur
L’écume de son sceau sapide.
Faïences du ressac
fluages métamorphiques
luisances de peau claire
tonsures
zostères
Des cartes dont on tirait les routes à la mule
à la vache
Falaise provisoire rivage qui se poldère
s’ensème de fourrage
doux son du blé amère
saxifrage
d’armure de chardons et d’arméries des dunes
Est-ce la terre qui avance
Est-ce que la mer recule ?
La montée de la crithme à la chaussée pierreuse
Qu’elle est lente pour la marée
Et fulgurante pour le lichen
L’osmose orange
Le zeste rond à la marge crayeuse
Un flegme de patelle sous l’haleine de sel.
La pousse crucifère fait le pourpier de mer
et marque la limite à la criste marine
là bas un seuil d’ancienne vague
peigné de jonc
lichen allume ton œil jaune
l’algue - l’œillet amer
le sel de l’armérie
le vent
l’écume œcuménique en brassent les espèces.
La perce-pierre brise jusqu’au granit :
Aussi pauvre soit son substrat (une maigreur de poussière)
elle croît en criste et se creuse par la résine
son sel salpêtre dissous en vernis de foliole
La perce-pierre - celle qui compresse, fistule et ligature en lierre
dès l’arborescence des racines, elle survit à l’écume.
Vipère perspicace elle troue le mur et tire du mou du minéral
- sa laitance - son festin lithophage.
Prédateur botanique en frontière de systèmes, on la dit : Mercenaire de flore.
Vague crête contre jour des rumeurs
vent de terre
toute horde de guerre dans la chute du décor
mais l’épine crépitant de lumière
sueur de sable
dentures de sel
seules armes dressées
à l’aisselle de mille bras
et l’infanterie de son ressac
(la baie à la jumelle)
Le temps se couvre juste à la fin de la montée des eaux. La grosse bulle d’eau étire sa masse à la rencontre du continent, le drap tissé de ses vapeurs. Là bas pressé en barre de cumulus, on fera plumes et volutes, ailes, couettes, perruques, et la colonne de vos orages.
Ciel de traîne : îles, dentelles d’air. Sa terre à elle, la mer.
Nommer les choses c’est toujours en germe l’économie de les percevoir. Ici la mer plutôt que cette innombrable digression de facettes, cette chaotique de turquoises.
La jumelle en détache une pastille de jour. Abstract.
Ce qui se meut de bleu et d’éclat.
Nommer saisir s’approprier détruire. Destin très orthodoxe dans le rite d’écrire. De ce mensonge que naît-il ? Parfois le don d’un verbe traversant le deuil du tout-ailleurs, dans l’amaurose du reflet.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique