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    La méditation c’est peut-être la recherche de l’interaction physiologique à minima entre le monde et la conscience du monde.

    Pure recherche d’épure, traque de la particule à son point de renversement comportemental. En amont des forêts des mots et des systèmes.

    chapelle/à la crête présente /au changement de densité de l'air

    en chair

    une écoute de la fonction d’onde.

    Grésille, épiphanie du vide.

    Usons de ce miracle : la matière éprouve, juste là où elle palpite.

     

    (Un vide noir grésille - Etienne Klein)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Dans le jeu qui consiste à ressentir : le bonheur c’est pour tout de suite, on mesure l'incroyable danger, le vertige ontologique, la constante de fuite.

    Quelque chose de prépondérant dans le système l’a programmé en horizon.

    Ce qui n’a pour nerf que le désir n’a que faire de l’actualité du bonheur.

    Le bonheur présent est trou. Au mieux : on s’empâterait dans sa province.

    La nature repousse le bonheur, elle le contourne, elle méprise son petit nom mièvre.

    Il bée, béant : à la bonne heure !  Elle monte dessus ses insatiables vrilles.

    Combler couvrir, pour nous espèce : vivre c’est conquérir. Quel téméraire ne cherche la possession ni la victoire *?

     

     

     

    *Philippe Jaccottet (Qui chante là-bas)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La vraie patience consisterait à aller jusqu’au bout de la perceptibilité de chaque acte. Le moindre fait ou geste révèlerait  d’interminables  résonances fractales : des vertiges de plaisirs sur l'interface chimique, de passionnantes brûlures concentriques, carte de flux nerveux, delta salivaire, saveurs, insoupçonnables arrière-goûts aux signatures synaptiques...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Et si cette extraordinaire fiction du moi était toute entière tendue dans cette fraction de seconde qu’il faut au flux électrique pour parcourir le corps ? Une conscience discrète naissant de cet itinéraire, pulsant pensée du geste, fait du geste et retour des sens. Limites pointilleuses qu’on prend pour des frontières. Même trajectoire pour la parole. Convergence et accumulation des pas creusent des traces, définissent l’architecture et la carte, les boucles donnent l’illusion de la ligne, les rives baptisent d’un même nom le fleuve.

    - Et toi qui prétends au barrage. Tu es téméraire comme un Chinois sur l’Amour.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Cette barque a une fuite cher Mi

    J’écope

    J’écope

    Avec ou sans clope

    Jamais je ne tiens à demi

    Nu le bois à sa coque

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    S’il s’agit de rejoindre l’origine du carrefour

    Retraite 

    A ce point de poussière

    Que de verstes, depuis, que de verstes

    Ralentissent ce cheval vapeur

    Dont le mors pousse dans la denture

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La conscience sans interférences (présence, percepts) imite l’état quantique de superposition d’états, ou du moins ce que je m’en raconte.

    Le rêve est d’ailleurs pareillement feuilleté et seule la narration en réduit l’épaisseur de liasse, le ramenant au phénotype avant/ après (un abus de langage, une manie mnémotechnique, un réflexe d’espèce : chez nous, tout fait histoire).

    Dans l’état naturellement multiple et décidément imprécisable qui se profile en deçà de la parole sociale et de l‘interaction des êtres : la grande galerie, l’innombrable spéculaire des multiples en acte.

    Mes rôles, mes cent mille, bel et bien autres les uns aux autres.

    Avant de les avoir réduits au silence (se peut-il?), un petit tour de foire :

    Le verbe, dans l’entre-deux, avant raccord des tubulures dans les tableaux de la tubuline, saisi quand il franchit un seuil  de décohérence.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Fuyard, une victoire pour le lièvre.

    Le lointain proche, le toujours remis à l’inusable perspective. L’intouchable familier, discret par excès d’ordinaire.

    Gibier trop abondant. Négligence à  saisir. A peine tendre eût  suffi.

    Mais s’éprendre de l’épreuve d’éprouver.

    Ou posséder défait par l’effacement du propre.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le moi d’ici – l’ici mouvant du corps – le moi d’ici qui se donne là – par pur entêtement des faits –  n’est pourtant bien que la merveille du corps. Que ce soi-disant pur esprit méprise affectueusement pour la grossièreté de son naturel…

    Archétype de l’ingrat, enfant inattentive ! Le corps qui parle en fou, en simple, en exalté, manière de vieille mère et babillages enfouis, le moi emballe tout ça pour le gîte et le couvert, l’aveugle et le ciel borgne, dans l’impatience du mouvement.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La vacance amorce la vacuité. Quand la liberté habite le faire, en fer de lance, le vrai vide a rendu les armes. Le vrai vide n’a que faire de lance, de plume ni même d’un poil de pinceau. Le vrai vide n’a que faire de l’encre.

    On pourrait dire qu’il ne ressemble à rien pour personne, avec un lecteur en moins, sa vacance.

     

     

     

     

     

     

     

    Prenez-vous pour ce que vous êtes.

    Un hasard vivant

    que le corps du discours ne cesse de contraindre

    tout palpitant dans l’instant même

    d’inférences réticulaires

    Un hasard racinaire

    animé de flux

    lissé au gré de l’eau

    plis, sèves, fils

    agile

    sophistiqué 

    menteur comme un miroir de l’âme…

    Et taisez-vous!

    Pas de parole pour dire le spasme spéculaire.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Quoi d’encore plus ténu

    Dans l’orbite de l’infime

    La quenouille de l’onde

    Son cocon ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    Arbre de matière d’hêtre

    manière d’être glabre

    dans l’histoire ligneuse

    aux invisibles ennemis

    (le vent d’hiver à l’embrasure des branches

     des tortures oubliées sur le calme du ciel)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Semi dragons caudale serpentaire

    Chemins qui valez par la montagne

    à flanc à crête à bouche de cratère

    Gerçures

    de datations glaciaires

    Filez en croupes de démons vagues

    saignez d’infuses plaies de verre

    Eaux ombres blanches qui griffent de griffures

    l’émail

    et toutes mues d’armure.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


     

     

     

     

     

    Multiple manifeste de la forme

    Tu n’es jamais que du rythme fait feuille

    De la stridence faite fleur

    Au brouhaha des herbes

    Le froissement rouge du coquelicot

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Boîte, tête

    Le lait à l’arête des roches

    Viens t’arsouiller de l’ocre

    De l’orge brut

    Aux granges du perce-voir

    Une veille de printemps un peu avant le soir

    Sort l’acier qui ne s’affûte

    Que sur le bois du cornouiller

    La lame du couteau de poche

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Vitesse

    Lissoir de l’eau

    des roches qui l’encombrent

    l’honneur d’une haie ombellifère

    cette ombre de ciguë que se fait le cerfeuil

    celle de l’hellébore

    celle la luzerne

    dans ce chemin de chute

     

     

     

      

     

     

     

     

     

     

     

     

    Bêtes sauves des forêts nous sommes du même désastre –Niches, nids grièches, crèche de broussailles : délitées, liquide lit de paille, aval jonché de souches, pertes en lames, bras et troncs (du flux de fruits, rumeurs, esquisse d’une ruine d’essence).   Tempête en terre,  le grand souffle qui souffle l’aura du mycélium. Des coupes claires, des ombres, des cendres perdent vos traces, haies, talus, repaires, soutènements, de cents ravines et raccourcis d’en-creux. Ce qui reste s’arase. La terre offerte au ciel. Le libre champ à la vermine.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pour l’amertume du grand genet

    A la racine pivotante

    Pour l’arc tendu d’azur

    Le bras de lustre de la feuille d’hêtre

    La renouée est sentinelle

    Elle prévient de qui bruisse et passe

    La jument d’ombre à la jumelle

    Qui tourne sous l’alisier blanc

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Fourche du merisier au chambranle de haie tout un troupeau d’échines s’y est frotté les mouches et les piques, la laine rousse contre l’écorce jusqu’au cuir. Douce lisseur polie vernie au rouge de Venise, o suprême destin arbustif sculpté des éléments - du temps,  de la peau de vache – pied de prairie tourné par la bonne ébéniste.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Lave. Cherche sa permanente dislocation. Le flot feu  fascine encore refroidi.

    Quel autre message que le précipité de la rivière  - 

    la plume d’acier qui peint la pierre de son lit avec la dernière dilution du ciel ?

     

     

     

     

     

     

     

      

     

     

    Ici

    le ciel fait la beauté debout

    et taille l’horizontale

    de prémisses de cils

    L’oblique de l’hiver

    à l’angle de la maille

    a roussi la fougère

    la grande polypode qui a brisé sa rouille.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le hêtre de montagne est chevalier plus torve que celui des vallées.  Une plus courte période au boisage de l’aubier  –  nanisme d’altitude. C’est ce côté tourné du branchage qui renforce ses nodosités d’armure, l’écorce d’argent frotté, la main gantée de rouge.

    A la jumelle la vue s’effeuille ( s’accommoder où le point creuse )

     San’Romano !        

    Déchirure de Damas et spectres du visible !

    La bataille agitée du genou et du feu blanc des lances. Jumelle, dans l’aisselle de l’oiseau lire, à la coupe du surgissement...Déjà l’obscurité mêle l’épaisseur des troncs au maillage des crinières. Un  peu de ciel blanchit encore un front, un fanion, une barde de poitrail.

    Vaillant œil qui transperce, poinçonne, a-perçois.  Que vois-tu en venir ?

    Le mauve saisit le roux.

    Le bleu tire à l’oblique. 

    La guerre est hivernale depuis le quaternaire.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Au territoire du saule

    A la clémence du ciel

    A la barbe des racines

    Aux reflets

    L’inflorescence laissée libre

    A la fuite

    Au fluage

    Au voisinage de l’aulne

    A l’aubier

    L’écrevisse d’un creux d’eau vive

     

    L’an d’ocre dense de l’osier.

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  •  Parler en langue

     

    Réfute les bornes jusqu’à en perdre le chemin

    en souvenir des voix :

    y bruissent encore dans le zèle des feuilles de flagornes murmures, prières, moulures, obscures obséquieuses,

    la moue multiple aux lèvres molles

           flatte leurs langues déliées, frise-en le chœur, lisse la luette, le voile des palais, la voilette, la nef laryngée, l’escorte des salives

    avec,

    réfute le juge, la loi, la cour, mais garde le suave

    Dénie la soif, la gloire

    et jusqu’aux bras de la chemise.

    Déjà vivant tu tiendras rongé de vers.

     

     

     

     

     

     

     

     Telle ma mère l'eau qui se charge de tout et ne s'approprie pas

     

     

     

     

     

     

     

    Nous encore debout, plantés en gué de langue, à l’aisselle du méandre, pleine eau plein flux plein les bottes du pêcheur plein courant de marée d’eau douce gonflés par des torrents d’orages mais retenus d’un fil de sève à la nervure des feuilles dorures cuivre criss écorce des aubiers.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’organe transducteur lentement façonné d’autrui dans l’argile des racines puis patiemment détruit, pluie après pluie, cendre après cendre, ses couches de limon inversées par plissement ou découpées en tables, en tertre, en tumulus, en terres laminaires, en humus.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    S’arrêter pour voir. Cesser de surseoir. S’arracher aux manque, soif, devoir, addiction, aspiration. Cadrer. Arrêter pour refaire, dedans,  ou s’arracher pour dire, comparer, construire. Fixer. Défaire. Fixer. Trouver les mots qui collent, force forte, ligne claire, l’épingle du grand Paon qui le cloue à son liège. 

    Mort .

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Vous croyez en bordure de vers la chasse à l’explétif incompatible avec la rime, l’orée, sa clairière, sa chute, sa falaise. 

    Vous verrez que bêtes et mots ont conscience du vide, qu’elles le signifient, qu’ils s’en tiennent d’instinct à distance, sauf poussées de force, de course, de transe, de frayeur.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Si le jeu des homophonies, cette version pas forcément snobe du contrepet était plutôt une ruse d’hypnopathe (métonymie , métonymie, métonymie…) pour laisser parler son cerveau dans la mesure où les mots qui viennent drainent à eux ceux qui les suivent (ou les harcèlent).

     


    Une fausse adresse somnambulique, intuitive à l’usure, et fourbissant au jour une vérité fluette.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Liberté avec la grammaire. L’intransitif transite la réflexion perd son miroir. Quelqu’un d’autre le gagne. On se retrouve plus tard, entre plusieurs, et, sauf l’urgence, rien n’a changé.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Dehors occlusive écluse!

    L’en-dedans glousse et vomit

    Fricasse tes fricatives

    Resserre tes sifflantes

    Détache tes dentales 

    Savonne-les de labiales

    Slavonnes !

    Luisante est la vague des langues

    Et son sillage de salive...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Mesure de l’impalpable chair qu’on perd dans l’épaisseur des siècles, saint-jean-d’or l’icône,  vertige des vestiges, sagesses saisissantes qui dessinent nos rêves.

    Le delta s’abandonne au vitraillage du visible. 

    Maternelle, et pour en conserver la tessiture textile, la grande peuplade file le drap d’un ciel de ses  linceuls de phrases. 

    Au rouet, la soie, la pille et les restes de reels.

    (une nuit au dictionnaire)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Tout  importe la bouche, la virgule la parenthèse l’italique le rythme la battue la salive la mesure la mémoire la chair  palpable des mots chers. Quelque moi s’agace de ces pratiques. 

    Une sèche ascèse qui se contenterait du simple, de l’épure. Dans la vertu du simple qui parle du vertige. 

    Pliure où le concave vire au convexe. Forcer le verbe pour voir ce qu’il a dans le ventre. A accentuer la courbe : creusement complexe illimité de la matière modale mouvant débit du sens vortex dérive des mots en caillots de grenaille, limaille, et jet d’encre. 

    Par amour, manquer de le tuer, le saint débit, le don paisible.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ce qu’elle cherche en fait c’est un sésame, une phrase à faire céder les issues d’ici-même, le secours d’une sortie, une porte dérobée au bazar de Babel. L’ivresse du moulin à prière, une gaie gayatri en idiome gallo. Sa délivrance en petites tortures. 

    Le ciel est-il crypté ? 

    A défaut de trouver l’exacte formule (le code et l’aloi) tournant et essayant chaque clé tour à tour. Quelques unes qu’elle aime, un réflexe fraternel, qu’elle réessaye sans cesse, dans l’émotion, en claire confusion d’affects. 

    La sœur des arbres avec son gros trousseau.

     

     

     

     

      

     

     

     

     

     

     

     

    Pour champ de chasse choisissons

    Un lexique à mesure de sa solitude

    Dans la foule des fleurs, des phrases et des mouches

    Une foule ordinaire

    Bien indifférente

    Quoique saine, et duveteuse derrière les ailes

    Faisons-nous

    Le masque transparent du dormeur

    Le pas septième du faucheur

    La peau pierreuse du lézard

    Qui ne palpite que sous l’aisselle

    Restons attentifs

    Ne précipitons rien : ensuite soyons vifs

    Et travaillons finement pour l’exacte formule

    L’aloi

    Ceci qui nous sied en bouche

     (le festin de l’araignée)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Le mot quand il circule à proximité du versoir. 

    Lourd de ses racines, bardé de son génome, tout prêt à clapoter ses bribes de phonèmes. 

    Le mot et ses cinq sens. Toutes ses liaisons sont bivalentes. 

    On croit qu'on fixe une fistule de ficaire mais chacunes d’elles encore sinuent, sous-jacentes, labiales derrière la vitre.  

    Ça commence dès le miroir et se propage jusqu’au lexique, chaque liasse bruissant morphèmes bivalves et lèvres d’algues.

    En quoi donc la trace pourrait-elle ancrer, dans quel sable ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’objet qui s’appelle, l’objet sans nom. 

    L’opérant

    Celui dont l’opérance n’a pas de nom.

    Les croisements qui en résillent. 

    Des strates de langues techniques.

    L’autre en tant que champ de forces

    Champ d’action

    La masse qui nous tord 

    La courbure qui voile.

    Seule la vérité restant inqualifiable.

     

     

     

     

     

     

      

     

     

     

    Chercher, dans un vocabulaire labile et suffisamment semi-conducteur, dans la terre rare des vers, quelque chose d’assez vif pour en tenir la ligature de l’ion. 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Les sciences troussent les lettres

    Les lettres pillent le peuple

    Les publicistes les prostituent

    Le peuple cuisine les restes

    Les poètes les passent au gril

    Tous les hâbleurs s’en délectent

    Les locuteurs les usent

    Des étrangers s’installent 

    Des Lazare reviennent

    Quelques collectionneurs collectionnent le rare

    Ceux qui cherchent à nommer fouillent dans les racines

     

     (les mœurs, chez les mots)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Comment le langage, artefact d’artefact – 

    approximation  d’une forme déjà impure, 

    le percept – cette seconde main - peut-il prétendre à la justesse ?

    Il y prétend.

    De toute sa vanité de verbe. 

     

     

     

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    Ma douce amère mon amertume

    Marée basse kilométrique

    Qui se fête à la Saint-Omer

    Tempête en tête

    Gribouille d’écume

    Et de guerre lasse

    La mer est manche et l’an blafard.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Printemps au charme de demi-deuil

    De silène de petit jour

    De tristan! de fauve ou d’agreste

    La nymphe griffe son linceul

     

    (dans les sept noms du papillon)

     

     

     

     

     

     

     

     

    De la saison des confitures

    J’ai oublié le nom du peintre

    Sieste de cintres fruits griffures

    Du jour le plein et le délié

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Elle tourne, elle tourne la lumière

    Juste contre sa sœur la terre

    Le phare est rare la robe d’ambre

    Et son écharpe de pastel

    L’envers des pignons d’Anvers

    Et pâleurs tendres de canal

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Mon père ces quelques cieux

    Ce bon sang de bonsoir

    baroque 

    issu de vos presqu’îles

    La mer est sans partage

    L’archange équestre suspend son geste nébuleux

    du rêve du rayon vert au rebond blond des sables.

     

     

     

     

     

     

      

     

     

     

     

    Les morts avancent en iceberg

    leur lit de glace tend vers l’aval

    le grand corps se disloque

    le gisant d’évapore

    un bouc fait pendant à son col de moujik

    quelque chose s’effile

    dans le blanc de chemise

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Celui-ci qui dénie

    Et que l’air pince et plie

    De mèche

    Et roule dans l’embrun

    Tabac

    Ses phares de sans-filtre

    Œil vert

    Ciment de grise mise

    Sa marine d’hiver et son menton de sel

    Un rire de bourrasque disperse  sa colère

     

     

     

     

     

     

     

      

    Honorons-nous du grand parler risible, du plaidoyer fantasque, des discours de César que tient le beau parleur encravaté de soie.

    De l’art d’articuler des phrases de terrasse à la brassée des ormes, ou à l’ardoise du ciel. Elles trouvent d’emblée le tourbillon des lampes, la ligne des faîtières, la courbe métabolique de leur génie propre. Laissons la libre architecture se peupler de foyers flambants. Dans nos destins la foule des dieux lares, l'épique, le soliloque et l’homélie, des cent fois hérétiques qui fondent notre espèce.

     (Pour Samuel)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    L’auvergnat cantalien

    à la foi normalienne

    pour la petite école

    marmaille paille

    la saison rousse la pâle abeille

    l’hiver mi-sel

    le solstice des soleils grêles

    qui dansent

    pour enjamber le mars

    (ensemble nous fûmes moins frileux)

     

     

     

     

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    Précisions cadastrales 

    nomenclature des bêtes

    le chat seul, dernier félin des toits

    là bas le fruit kaki du rouge-gorge

    l’aboi

    très dispersé des balcons

    mésanges moineaux

    saison

    sans mouche

    hérisson sans vipère

    la vérité du ver de terre

    le ramier bleu qui surveille

    le merle noir qui arpente

    l’effraie qui tente l’interface

    à canopée de réverbères

    à frontière de nuits

    civiles

     

      

     

     

     

     

     

    Orné de vrais oiseaux qui marchent sur le tour*

    Ce toit d’église tient comme un chat

    Mitré quelques corneilles qui marchent à son échine

    Parasites d’ardoise

    Pieux piétons d’andésite

     

     

     

     *Paul Valéry

     

     

     

     

     

     Sa voix de cèdre enguirlandé d’oiseaux

    une constance de pie

    du rayon de ce cercle

    à l’angle de ce socle

    un sol juste assez grave pour supporter son nid

     (la masse des planètes explique qu’elle jacasse)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    A midi, la fourmi coupeuse de feuilles mâchonne à son substrat hors-sol de petits corps fructifères, ces spores qui nourrissent l’espèce. Tout porte à croire qu’elle, l’hyménoptère aculéate, se moque de la fauve comme de la moissonneuse.

    Pour sa champignonnière, elle préfère l’habitat cultivable à l’architecture d’aiguilles de pin. On ne la voit ni à la chasse, ni à l’élevage, mais à l’arpentage, et au paysagisme par digestion des souches.

     

     

     

     

     

     

     

    La gueule de loup commence sa floraison

    d’une moue de deux

    lèvres de velours

    fardées.

    C’est plus tard qu’elle apprendra à

    parler la langue de l’abeille.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Son donné de surcroît extase de sous-mère où s’arrête le merle. Sa phrase d’ici reine qui sature la faîne la feuille la ramure miracle du larynx loriot virtuose vertige. Rossignol rien de tel pour  fuir la nuée des passereaux. L’oiseau bleu reste fugitif.

    On sert la rose remontante.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Quelle impasse ma reine!

    Le roi atteint de fenaison

    Peu avant sa décollation

    - Une basse intrigue partisane -

    Pencha

    Sa tiare parme sa perruque

    Congédiant le muguet eunuque

    La rose défaite courtisane

    Montjoie pour la fleur de lilas !

    Le haut clergé d’iris nous a confié sa peine...

     

    (après la pluie)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Fausse groseille

    fleur de trèfle

    la tête à la lanterne

    et l’ombrelle des feuilles sur le sang des framboises

    plus tard

    des belles de Fragonard

    pivoine rose renoncule

    contre les membres du concile

    d’iris, la perruque du lilas, le parme des glycines.

    La petite noblesse des corbeilles d’argent

    rit de pensées un peu naïves

    Le double jeu du jonc jaillit de la fin des jonquilles

    La main d’Arsène dans le lupin.

     (Histoire de Fleur)

     

     

     

      

     

     

     

     

     

     

     

    Ciel !

     

    creux centre liesse chasseresse

    au festin de ses trisses

    antre ventre rêvé

    et sa puissance à elle

    l’hirondelle

    criant de s’affronter d’un jet à ce zénith.

     

     

     

      

     

     

     

     

     

    Devant l’extrême (l’amour de la vermine pour sa mère mouche, ses craquements d’armure bleuâtre – ses ailes irisées) à contretemps de systole, dans le méplat du rythme, sa syncope.

    L’étrangeté absolue de ce qui fait monde. La délicate précarité des faits. Les causes perdues qui se retrouvent plus loin dans l’arbre du vivant.

    Malgré tout, les possibles, le familier, presque même qui se rejoue à un détail d’échelle.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ici en ce jardin secret se flatte le bourdon

    en faubourgeois badin à voix de basse

    en basson du parterre

    pour l’oreille en pétales et pistils de l’œil

    un don de l’atelier Giorgione

    la patte un peu fourchue du maître dans le visible

    tout en buste armure velours

    ombres d’acier fourrure

    le lustre des

    livrées obscures

    faut-il encore que ces facettes

    irisent le cerne de l’élytre

     

    (esthétique de l’insecte, école post-raphaëlique)

     

     

     

     

     

     

     

     

    Hétéroptère beau miroir

    Balance semblant sécher

    Le petit linge aux graminées

    Ou l’espérance aux sanguisorbes

     

     

     

     

     

     

     

     

    La jeunesse du crapaud

    Élégance du gant

    Un peu palmé

    Entre lin et chanvre

    La pelisse congre ou sandre

    Un peu luisante

    Ne  lui manque que le chapeau à claque

    L’éclat sur le qui vive de qui joue la patience

     

     

     

      

     

     

     

     

     

    Palpitante

    Paupiette à plumes

    Paupière orbiculaire

    La gorge du compère-loriot

    Bec d’or mais cyan dans l’ombre

    Par restriction vernaculaire

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Novembre l’assiégé

    en son fort tellurique

    l’écureuil casqué court sur ses remparts

    hermine la traîtresse

    pactise avec la neige

     

     

     

     

     

     

     

    Ce soir au réverbère de sa gloire

    Sa très centrale flèche qui ne projette qu’elle

    Glycine

    Lent poids des glaces

    Harde de fouets fourbus

    La fonte orange de l’ampoule

    Ce qui bruine rapide attige son galop.

     

     

      

     

     

     

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